NIFFF 2017 – coups de cœur
Deux semaines après la fin du festival, nous prenons enfin le temps de livrer nos impressions de cette 17e édition du NIFFF. Comme l’année passée, nous étions présents en nombre […]
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Deux semaines après la fin du festival, nous prenons enfin le temps de livrer nos impressions de cette 17e édition du NIFFF. Comme l’année passée, nous étions présents en nombre […]
Deux semaines après la fin du festival, nous prenons enfin le temps de livrer nos impressions de cette 17e édition du NIFFF. Comme l’année passée, nous étions présents en nombre sur les bords du lac de Neuchâtel et avons décidé de vous livrer nos coups de cœur, à la fois de la compétition internationale et des autres sections. En espérant que votre route croisera bientôt celle des titres évoqués ci-dessous.
Les choix de Jean Gavril Sluka :
« Pour mon prochain court métrage, Les Îles, un petit rêve hardcore et romantique, je recherche des jeunes filles et garçons de tous horizons, entre 18 et 30 ans, bien dans leur peau, ouverts sexuellement dans la vie et face à la caméra, avec ou sans expérience de jeu, prêts à se laisser filmer avec tendresse en 35 mm. Tournage à la fin du mois d’août (nldr : 2016). Envoyez candidatures et photos (soft et simples, type portrait) à l’adresse suivante : castinglesiles@gmail.com. » Peinant à financer son prochain long-métrage, Un Couteau dans le Cœur (il a le sens des beaux titres), Yann Gonzalez revient au court-métrage avec Les Îles. Rêverie nocturne, érotique et explicite, de 23 minutes, ce film court est plus qu’une récréation entre deux projets « sérieux », mais sa plus belle réussite à ce jour. Si Les Rencontres d’Après Minuit ne tenait pas toutes ses promesses (la greffe avec ses vedettes ne prenant pas vraiment, sa mélancolie n’infusant pas pleinement le résultat), ce petit condensé de son cinéma scénographié et languide écrase, non seulement la plupart des autres longs vus au NIFFF, mais de loin le tout-venant de la production de cette année. Un amant travaille de sa bouche sa partenaire, avant qu’une créature au visage inoubliable — conçu par Bertand Mandico (Notre-Dame des Hormones) et David Scherer — ne les rejoigne dans leurs ébats. La chambre noire s’avère une scène. Revenant du spectacle, un couple trans s’interroge sur leurs propres rapports. L’acte qui s’en suit dans un bois rempli de voyeurs sera lui-même enregistré par une jeune fille (saisissante Sarah-Megan Allouch-Mainier)… ensuite rejointe dans sa rêverie personnelle par le trio initial. Le film, clos sur lui-même, inspiré, son auteur ne s’en cache pas, d’atmosphères tutoyées sous substances, tient de la logique du rêve, frappe par une grande douceur ouatée. Or il y a un contrechamp implicite à la rêverie : la solitude qu’elle suppose. Dès les premiers plans sourd une intense tristesse, accompagnée, accentuée, jusqu’au bout de la nuit, par les mélodies entêtantes de Ian Boddy, le statut secret de ce plaisir argentique projeté dans quelques festivals. Bien qu’il ne lorgne pas nécessairement vers Gregg Araki (sa cinéphilie pointant vers le cinéma érotique, horrifique et/ou expérimental des années 1970), Gonzalez partage avec lui cette position de romantique égaré parmi des hédonistes. Sa ronde, entre regardants et regardés, désirants et désirés, réalise enfin les promesses de ce cinéma de la perte de soi.
Après la semi-réussite de Joshy, Jeff Baena revient avec une adaptation, de fait assez fidèle, d’une partie du Décaméron de Boccace. À un ensemble masculin succède un groupe féminin, en l’occurrence de nonnes (Aubrey Plaza, Alison Brie, Kate Micucci) réagissant à l’irruption dans leur monastère d’un homme en fuite (Dave Franco), se faisant passer pour sourd-muet, exécutant des travaux de jardinage. The Little Hours décrit ce moment du XIVe siècle où l’entrée au couvent se fait si fréquente, et pour des motifs si variés, que le lieu devient une société parallèle… tant et si bien que rentrer dans les ordres deviendra bientôt dans certaines régions un choix proto-féministe. De cette situation découle de la part des autorités de l’Église une tendance au double-discours, quand ce n’est pas à la franche hypocrisie, dont le film tire une part de son miel humoristique. Si Baena pouvait tirer un fil dénonciateur, mais attendu, sur la tendance catholique à dissocier façade et réalité des pratiques, la charge de son film paraît plus dirigée contre un puritanisme américain. Réintroduisant un comique sexuel frontal peu ou prou inexistant dans le paysage de la comédie U.S. actuelle (aussi obsédée que fondamentalement terrifiée par le sexe), il fait ainsi bouger les lignes d’une représentation habituellement codifiée jusqu’à la pure et simple convention (une manière de signaler, sans que la mise en scène ne s’y intéresse, que « ça » a lieu). The Little Hours manque d’une certaine ampleur, peine au démarrage, les irruptions de guest-stars (Fred Armisen, Nick Offerman) apparaissent calculées et conniventes (ce qui n’enlève du reste pas tout à leur efficacité). Le film cependant tient par son ton personnel, minoritaire, quelques intuitions modernistes (traiter le XIVe siècle comme s’il ne différait pas fondamentalement d’un terrain de jeu contemporain). Le choix du milieu filmé n’apparaît pas comme interchangeable, mais la résultante d’un intérêt réel à son égard (à la rigueur, c’est le choix de le traiter en comédie qui pourrait paraître fortuit, partiellement motivé commercialement). Baena révèle de plus, par moments, une sensibilité spirituelle authentique. C’est de ce côté qu’il aurait pu, plus encore, lâcher les chiens. S’il n’a pas l’ampleur de vue des nouveaux génies de la comédie (Jody Hill, Jared Hess), sa contribution est bienvenue, intelligemment motivée, réjouissante.
Les choix de Thibaud Ducret :
Madrid, un matin ordinaire. À l’heure du café, un petit bar accueille des individus de milieux sociaux divers, aux préoccupations variées. Soudain, alors qu’il s’en va, un client est abattu dans la rue par un tir de sniper. Barricadé à l’intérieur du bar, le reste du groupe tente de déterminer l’origine du coup de feu, et surtout ses raisons. Tandis que des théories de plus en plus folles s’échafaudent, le caractère profond de chacun émerge peu à peu.
Après Mi Gran Noche l’an dernier, Álex de la Iglesia revenait au NIFFF avec El Bar, nouvelle satire violente n’épargnant aucun de ses contemporains. Avec son humour noir et son cynisme habituels, l’Espagnol dépeint comme toujours une galerie de personnages hystériques, tantôt attachants, tantôt répugnants, souvent pitoyables. Après avoir exploré les méandres d’un studio de télévision, il réduit ce coup-ci son intrigue à un simple bar et orchestre un huis clos énervé et tendu de bout en bout. Au fur et à mesure que les personnages se révèlent, les situations deviennent toujours plus invraisemblables, mais le concept est malgré tout tenu et exécuté avec brio. Cantonné au point de vue du groupe, De la Iglesia joue ainsi habilement sur le hors-champ, se contente de suggérer l’extérieur et exploite son décor anxiogène jusque dans ses moindres recoins (y compris les plus insoupçonnés). Élément inhérent au huis clos, la paranoïa sert ici tout autant à démasquer une société actuelle rongée par l’hypocrisie et l’égoïsme qu’à évoquer un climat général dominé par la peur et la suspicion. À la fois cruel et drôle, El Bar est de ces plaisirs dérangeants, terriblement malsains et parfaitement indispensables. Une réussite, très justement récompensée par le Méliès d’argent du meilleur long-métrage fantastique européen.
Écrivain prolifique et très populaire à Taïwan, Giddens Ko a vu une grande partie de son œuvre être portée à l’écran, avant de passer lui-même à la réalisation en 2011 avec You Are the Apple of My Eye, comédie romantique douce-amère adaptée de l’un de ses propres écrits. Avec Mon Mon Mon Monsters, il traite une nouvelle fois de l’adolescence, mais sous une forme bien plus sombre. Le film met en scène Lin, jeune homme paisible et solitaire, qui subit régulièrement les humiliations de Ren-hao et de sa bande. Accusé à tort d’un vol d’argent, l’adolescent brimé se retrouve contraint d’effectuer un travail d’intérêt général en compagnie de ses tortionnaires. Peu à peu, Lin prend lui-même part aux méfaits de ses camarades, au départ pour s’intégrer au groupe, puis parce qu’il y prend finalement goût. Une nuit, au sortir d’un cambriolage foireux, l’équipe tombe sur une paire de monstres cannibales, parvient à capturer l’une des créatures et décide de lui faire subir les pires sévices.
Explorant sans aucune concession les tourments de l’adolescence, Mon Mon Mon Monsters illustre de façon radicale l’adage selon lequel le véritable monstre n’est pas toujours celui que l’on croit : entraînés dans une implacable spirale de violence, les personnages se révèlent en définitive aussi condamnables les uns que les autres. Tous sombreront dans l’horreur, y compris le héros, initialement doux et bon, qui finira par céder lui aussi à ses instincts les plus bas. Très belle, la mise en scène de Giddens Ko ne recule devant aucun effet gore (cet impressionnant massacre à bord d’un bus, accompagné d’une reprise de My Way). Mon Mon Mon Monsters ose une certaine outrance et assume son postulat de départ jusqu’au bout, clôturant son récit par un plan final enragé et nihiliste à souhait. Indéniablement l’une des projections les plus marquantes de cette dix-septième édition.
Les choix de Jeames Berclaz-Lewis :
La France est présentement bénie par une génération réjouissante de jeunes réalisatrices : Julia Ducournau (Grave), Céline Sciamma (Tomboy et Bande de Filles), Rebecca Zlotowski (Planetarium), Mia Hansen-Løve (Eden), et tant d’autres. On peut désormais lui ajouter la talentueuse Léa Mysius dont le premier film Ava avait déjà remporté le prix SACD à Cannes. Filmé sur un 35mm à couper le souffle, ce coming-of-age détraqué chronique l’été d’une fille de 13 ans accompagnée de sa mère célibataire (la brillante Laura Calamy). Lorsqu’on lui annonce qu’elle s’apprête à perdre précipitamment la vue, la corrosive Ava se retrouve animée d’un désir de liberté qui la poussera vers Juan, un paria dans sa propre communauté gitane locale.
Si la première heure, qui se focalise principalement sur l’électrisante relation mère-fille et les premières approches sentimentales, est passablement supérieure à celle qui raconte l’échappée sulfureuse et romantique du couple, la justesse émotionnelle, dramatique mais aussi comique de la partie initiale suffit à faire passer le cap d’une conclusion un peu bancale. On se rappellera indubitablement de certaines images : Ava toute d’argile grimée dérobant des touristes sur la plage, le rêve surréel d’Ava, la découverte de la sensualité de son propre corps dans l’écume, le délicieux plan final à la lumière des phares de voiture. À l’instar de son protagoniste, Ava déborde de fraîcheur, d’énergie et d’inventivité. Mysius, de fait, devient un talent à suivre (à lire aussi : notre entretien avec Léa Mysius).
Yann Gonzalez, érotiste et explorateur de sexualités en tout.e.s genres, comble l’attente de son prochain long-métrage avec Les Îles. Ce tryptique sensuel contient un improbable ménage à trois entre un couple hétéro et un intrus sanguinaire au visage bulbeux et rougeâtre, un parc accueillant un rassemblement nocturne de masturbateurs et une voyeuriste qui trouve son plaisir à écouter les ébats de ces derniers. Explicite certes, mais c’est la déchirante mélancolie de ces tableaux d’âmes solitaires et aliénées qui persiste à la fin du générique. En filigrane de leurs quêtes de plaisir, on lit le besoin de la reconnaissance d’un autre (et DE l’autre ?) par le touché. Doté de surcroît d’une bande-son de premier choix, composée largement de drone et d’ambient mélodique, Les Îles est une splendeur sensuelle en tous ses aspects, et dans tous les sens du terme. Certains lui reprocheront d’épater la bourgeoisie, mais s’il continue à empoigner mon cœur de la sorte, alors qu’il épate.
Les choix de Thomas Gerber :
« La plus vieille et la plus forte des émotions humaines est la peur, et la plus vieille et la plus forte sorte de peur est la peur de l’Inconnu. » C’est sur cette citation de H.P. Lovecraft que s’ouvre le troisième long-métrage du tandem formé par Aaron Moorhead et Justin Benson. Cette référence au maître de l’horreur ne surprendra pas les amateurs du cinéma des deux Américains, Resolution et Spring baignant déjà, à leur époque, dans une atmosphère très lovecraftienne. Pourtant, du propre aveu des réalisateurs, The Endless est le premier film que Justin Benson a écrit en connaissant l’œuvre et la personnalité de l’auteur américain (voir notre entretien). L’avantage de cette rencontre tardive est qu’elle a permis à Benson et Moorhead de créer un univers personnel sans tomber dans l’hommage scolaire ou la référence geek envahissante. Une chose que le duo a parfaitement comprise puisqu’ils ont décidé de rattacher de manière astucieuse The Endless à l’univers de Resolution (nous conseillerons à tous ceux qui nous lisent de préférer le visionnage chronologique des deux films).
Dans The Endless, les deux amis de Resolution font place à deux frères (incarnés par les réalisateurs) échappés d’une secte. Bien des années après avoir quitté la communauté, Aaron ressent le besoin d’aller prendre des nouvelles des membres de cette dernière. Entre introspection et révélations fantastiques, le voyage sera également l’occasion pour les deux frères de mieux se connaître. Outre le talent des réalisateurs pour déployer une atmosphère fantastique et angoissante avec trois fois rien, leur plus grand mérite réside dans le sérieux avec lequel ils traitent leurs protagonistes. En effet, derrière ses airs de mindfuck fantastique, The Endless (que certains qualifieront de « film de petits malins » pour cette raison) est avant tout un vrai film de personnages. On comprend mieux pourquoi la citation d’ouverture est suivie d’une seconde qui rappelle qu’« Alors que les amis se livrent fréquemment au sujet de leur sentiments, les frères et sœurs attendent un temps plus commode pour le faire, comme celui où ils sont sur leurs lits de mort. » Intimiste et apocalyptique, vertigineux dans ses jeux temporels et son traitement des éléments, The Endless bénéfice d’un grands nombre de niveaux de lecture, les menaces invisibles renvoyant, forcément, à des démons intérieurs et des peurs inconscientes. Une réussite totale, à la fois cérébrale et physiquement envoûtante, qui n’a pas volé ses deux prix au palmarès du festival.
Un an après Creepy (qui figurait déjà dans nos coups de cœur du même festival), Kiyoshi Kurosawa nous prouve qu’il maîtrise comme personne l’hybridation entre pitch de série B et traitement auteurisant. Si on peut regretter l’explicitation trop claire de ce que représentent ces extraterrestres venus dérober des concepts aux êtres humains pour les comprendre avant de les anéantir, Before We Vanish ajoute une nouvelle pierre à la fascinante étude de la société japonaise que mène son réalisateur depuis ses débuts. Plus optimiste qu’à l’accoutumée, Kiyoshi Kurosawa épluche cette fois l’humanité et une certaine société dans une succession de rencontres parfois cruelles, parfois caustiques, souvent déchirantes entre des extraterrestres et des individus qui se retrouvent soudainement débarrassés d’un concept précis (la famille, le travail, etc.). Les rencontres se font certes de manière trop programmatique mais ce qui paraît prévisible à nos yeux s’avère sans doute bien plus surprenant – car redouté – pour un public nippon, Kurosawa n’hésitant pas à s’attaquer à des concepts sacrés de la société japonaise. À l’opposé de cette construction parfois superfétatoire, la mise en scène du réalisateur est époustouflante de maîtrise discrète, à l’image de ces plans-séquence finaux filmés « l’air de rien ». De tous les films vus au NIFFF, il s’agit sans aucun doute du plus élégant.
Les choix de Sébastien Gerber :
La fenêtre cassée d’une salle de classe. Déserte. Des chaises retournées. Des traces de sang au sol. Un cerf blessé qui agonise dans une salle voisine. Des profs, des élèves et finalement des policiers se rassemblent autour de l’animal blessé. L’un des représentants des forces de l’ordre ordonne aux spectateurs du triste spectacle de s’écarter, afin qu’il mette un terme aux souffrances de la bête.
Kevin Phillips a le sens du build-up, de la mise en place. Pour son premier long-métrage, il choisit de placer son histoire dans les années 1990, dans les suburbs, autour d’une bande d’adolescents qui vont commettre un acte aux répercussions imprévisibles. Dès les premiers instants avec ces jeunes garçons, la caméra capte et recueille leur intimité, s’attarde sur les petits détails, des gestes, des regards, donnant vie à Zach, Josh, Charlie, Daryl et Allison. La scène d’introduction, annonciatrice du drame à venir, ne mentait pas. Et le réalisateur sait qu’il ne peut pas épargner le spectateur, qu’il doit lui faire ressentir de plein fouet la violence inouïe de la situation. Ce sera alors le début d’une lente et douloureuse procession vers la paranoïa. Le récit dense et éprouvant de ces ados qui vont devoir apprendre à gérer les conséquences de leurs actes et se retrouver projetés avec force et violence dans tout ce que la vie a de plus sinistre. Le jeune réalisateur ne manque pas de soigner son cadre, son image, le son, afin de dépasser la simple illustration et faire plonger le spectateur avec lui dans la psychose rampante qui va gagner ces adolescents. Des réminiscences de Donnie Darko se font alors ressentir, comme lors de ces moments d’hallucinations de l’un des jeunes garçons, poursuivi par un cauchemar, bien trop réel pour son esprit encore fragile. Difficile aussi de ne pas penser au Stand by Me de Rob Reiner, avec lequel Super Dark Times partage cette sensibilité à fleur de peau, où l’innocence des garçons s’effacera au contact de la mort. Le film de Phillips aura aussi su convaincre le jury de la compétition internationale du NIFFF, puisqu’il en repart avec le prix principal, le Narcisse du meilleur film. Reste à espérer que les bonnes critiques sur la toile et les prix qu’il reçoit ci et là offriront au film et au réalisateur la visibilité et la reconnaissance qu’ils méritent. Car il est clair que nous avons ici affaire à un auteur au talent indéniable et dont la fraicheur de ton et la maîtrise de l’outil cinématographique ne sont pas sans rappeler un certain David Robert Mitchell, qui marquait son monde il y a trois ans avec It Follows. Souhaitons que Super Dark Times soit, comme avec The Myth of the American Sleepover chez Mitchell, l’incubateur d’une filmographie à venir audacieuse.
Baahubali: The Beginning débarquait sur les écrans du NIFFF en 2016. Tornade telugu (la population majoritaire du sud de l’Inde), d’une force épique sans précédent et qui avait cueilli les spectateurs venus en masse aux deux projections du film. L’attente fébrile de la suite et fin de l’histoire de Baahubali constituait, de fait, l’un des grands moments de l’édition 2017.
Pour bien saisir les enjeux de ce nouveau film, un retour en arrière s’impose. Baahubali: The Beginning racontait l’histoire du jeune Sivudu (l’acteur Prabhas), qui découvrira, au cours de grandes aventures, qu’il est en fait Mahendra Baahubali, fils du défunt roi Amarendra Baahubali, grand dirigeant du royaume de Mahismati (un résumé très grossier, le premier film de 160 minutes se permettant l’inclusion de flashbacks pour raconter en détails les aléas de l’histoire de la dynastie Baahubali). Avance rapide sur Baahubali : The Conclusion. Ou plutôt, retour en arrière, S.S. Rajamouli, le réalisateur, opérant un choix scénaristique audacieux pour nous conter les aventures d’Amarendra Baahubali, le père (toujours interprété par Prabhas, le beau gosse de Tollywood). Débute alors le récit fou et démesuré de la vie du guerrier, prince-puis-roi, amant et homme du peuple le plus héroïque qu’il nous ait été donné d’admirer sur un écran de cinéma. Rajamouli mettra tout en œuvre pour que, 170 minutes durant, le cinéma redevienne cet objet de fascination absolue, d’aventures sans limites et de plaisir immédiat. Le genre de grand spectacle un peu naïf mais doté d’une telle foi en son récit et à sa capacité d’émerveillement, qu’à aucun moment il ne se permet de traiter son sujet avec une quelconque distance ironique. Et si les excès propres à un certain cinéma indien peuvent parfois prêter à sourire, ce deuxième opus de la saga Baahubali propose un tel spectacle qu’il est difficile de détourner le regard de l’écran ne serait-ce qu’une seconde durant les quasi trois heures de film. C’était sans conteste la meilleure façon de conclure cette 17e édition du NIFFF.
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