Le mois de février est le plus court de l’année. À cette occasion, le Locarno Film Festival déploie ses Shorts Weeks, une fenêtre sur son programme de courts-métrages présentés en 2018. En partenariat avec le festival, nous vous proposons de revenir sur une sélection de quarte courts, disponibles en streaming sur notre site et accompagnés d’une critique de Thibaud Ducret. Nous continuons donc avec Le Discours d’acceptation glorieux de Nicolas Chauvin, de Benjamin Crotty.


Le Discours d’acceptation glorieux de Nicolas Chauvin, Benjamin Crotty, France, 2018

Nicolas Chauvin, légendaire soldat-laboureur des armées de la Révolution française et des guerres napoléoniennes, reçoit un prix pour l’ensemble de sa « carrière ». Fier comme un coq, le père du chauvinisme se lance alors dans un long discours de remerciement, lors duquel il profite de revenir en détails sur l’histoire de sa vie, entendant ainsi rétablir la vérité sur sa propre légende.

Les premières secondes sont pour le moins claires : sur scène, faisant face au public d’une salle enfumée, le personnage-titre cancane en beuglant dans un micro avant de baisser son pantalon à l’adresse d’un spectateur. Dès son ouverture, Le Discours d’acceptation glorieux de Nicolas Chauvin annonce qu’il ne sera pas une reconstitution historique solennelle et terre-à-terre, mais au contraire une comédie délirante moquant le sérieux habituel du genre et affichant ouvertement son artificialité. Car c’est bien d’artifice qu’il s’agit concernant Nicolas Chauvin, héros fantasmé et incarnation outrancière du patriotisme. Usant d’un décalage post-moderne qui voit le personnage s’adresser à la caméra dans un langage bien actuel (« Googlisez-le ! », invite-il les spectateurs), le court-métrage questionne avec humour le chauvinisme et l’image du Français moyen d’aujourd’hui. Porté par un Alexis Manenti (révélation des Misérables de Ladj Ly) génialement cabotin, Le Discours d’acceptation glorieux de Nicolas Chauvin marie parfaitement la liberté formelle de la Nouvelle Vague et l’absurde des Monty Python.

Vous pouvez visionner Je sors acheter des cigarettes et voter pour ce court jusqu’au 23 février ici.


Merci à Ursula Pfander et Giacomo Hug et à toute l’équipe des Locarno Shorts Weeks.

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