NIFFF 2017 – rencontre avec Takashi Miike
On ne compte plus le nombre de films de Takashi Miike qui ont été programmés au NIFFF depuis Ichi the Killer en 2002. Des grands habitués de la programmation du […]
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On ne compte plus le nombre de films de Takashi Miike qui ont été programmés au NIFFF depuis Ichi the Killer en 2002. Des grands habitués de la programmation du […]
On ne compte plus le nombre de films de Takashi Miike qui ont été programmés au NIFFF depuis Ichi the Killer en 2002. Des grands habitués de la programmation du festival, il était pourtant l’un des derniers à ne jamais avoir foulé les bords du lac de Neuchâtel. C’est aujourd’hui chose faite, puisque l’enfant terrible du cinéma nippon est venu présenter en première mondiale Jojo’s Bizarre Adventure : Diamond is Unbreakable avec son jeune acteur Yamakazi Kento. L’occasion pour nous de le rencontrer quelques minutes et d’échanger deux mots sur ce dernier film, les difficultés actuelles pour produire des chanbara et son projet de comédie d’action avec Sammo Hung.
Votre travail est extrêmement varié, vous avez touché pratiquement à tous les genres possibles et imaginables, comment est-ce que vous décrivez votre filmographie ?
Je ne pense pas que mes films sont faits pour être acclamés, mais tous sont là pour divertir. Avec ce moyen de divertissement, je peux montrer différents événements extraordinaires ou effrayants, mais que les gens regarderont toujours en s’amusant.
Jojo’s Bizarre Adventure est un produit intéressant : tiré d’un manga japonais, il est également ancré dans la culture européenne. Comment avez-vous travaillé cette hybridité culturelle ?
Effectivement cette histoire est hybride. Monsieur Haraki, qui a écrit le manga, a commencé à imaginer ce monde dès son enfance. Ce manga est très populaire au Japon. Afin de ne pas décevoir les fans, je voulais le plus possible respecter l’univers du manga original, même s’il est sans doute impossible de le faire à la perfection. C’est extrêmement difficile d’adapter un manga en film, j’ai en effet rencontré énormément de difficultés.
J’imagine que la représentation des « Stands » [les pouvoirs psychiques des personnages] a été un grand défi pour ce film, comment avez-vous travaillé pour en arriver à ce résultat ?
Au début du film, le « stand » va très vite. Le public ainsi que les non-porteurs, comme Koichi dans le film, ne comprennent pas ce qu’il se passe. Le but était de soulever un questionnement dans l’audience. « Que vient-il de se passer ? ». Toutefois, on peut voir une sorte d’énergie, une aura que les personnages possèdent. Plus le film progresse, plus on comprend que ce n’est pas matériel, mais c’est une sorte d’esprit, une boule d’énergie. Pour essayer de réaliser cela, nous avons tout d’abord fait beaucoup d’essais. Nous avons ensuite présenté nos différents résultats à Monsieur Hiraki et à une équipe spécialisée en effets spéciaux, qui ont discuté de la bonne manière de faire.
Vous présentez d’autres films au NIFFF cette semaine, et notamment Blade of the Immortal, une autre adaptation de manga mais plus proche de la tradition du chanbara que Jojo’s… Auparavant, vous avez signé des remakes de classiques du genre, notamment Seppuku de Masai Kobayashi et 13 Assassins d’Eiichi Kudo. Pouvez-vous nous parler de votre rapport avec ce genre ?
Je pense qu’il est presque impossible de recréer des films de chanbara sans apporter de changements au genre. Il est aujourd’hui extrêmement difficile de trouver des acteurs pouvant maîtriser des chorégraphies complexes, ainsi que la monte à cheval. De plus, le jeune public ainsi que les adultes ne se déplacent plus pour un tel film. C’est une réalité, le genre à perdu en popularité depuis mon enfance. Ma réaction a été de changer la manière de réaliser un tel film. J’ai appelé des personnes qui connaissent cet art pour venir entraîner mon équipe, que ce soit avec les acteurs ou avec l’équipe de production. Ce que nous n’arrivions plus à créer est redevenu intéressant, pour moi et pour l’audience.
Vous travaillez actuellement sur une comédie d’action avec Sammo Hung et une équipe chinoise ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
Actuellement, en Chine, il y a 40’000 cinémas. L’audience est énorme, ainsi que la demande. Les jeunes aussi vont chercher sur internet des films pour se divertir. Ce qui est particulier en Chine, c’est que l’audience est chinoise, mais les films tendances viennent presque tous de l’étranger. Il y a un énorme potentiel là-bas, nous sommes en pleine préparation avec Monsieur Sammo Hung. J’en suis d’ailleurs ravi, car dès mon plus jeune âge, j’ai regardé des films de Kung-Fu. J’aurais préféré Bruce Lee, mais c’est évidemment impossible. Cette offre est venue de manière naturelle, et j’en suis très content. En Chine, la manière de travailler est bien plus dynamique. Déjà maintenant, nos briefings sont aussi très amusants.
Est-il prévu que Sammo Hung joue dans le film, ou sera-t-il uniquement producteur et/ou chorégraphe ?
Le rôle de Sammo Hung est avant tout de diriger les scènes d’action. Lorsque nous formions notre équipe, c’est le rôle que nous lui avons donné. Évidemment, j’espère qu’il pourra apparaître dans le film. Mais il ne produira pas le film.
Un grand merci à Mylène D’Aloia et à Matthieu Agustoni. Entretien conduit par Thomas Gerber, traduction assurée par Matthieu Agustoni et Mizuki Mazbara.
Photos de Takashi Miike © Rebecca Bowring.